Prédire le cancer grâce aux images

Grâce à une recherche pluridisciplinaire associant mathématiques, informatique, physique, statistique et médecine, le LAboratoire de Traitement de l’Information médicale (LaTIM)1 de l’UBO travaille à l’élaboration de modèles prédictifs d’évolution des tumeurs et cela grâce à l’étude des images par des algorithmes. Cette nouvelle approche permet d’établir des traitements personnalisés pour les malades.

Rencontre avec Dimitris Visvikis, directeur de recherche à l’INSERM

En quoi le traitement de l’image est-il significatif dans la lutte contre le cancer ?

Nos recherches visent à dans un premier temps à améliorer la qualité des images médicales. Nous travaillons par exemple avec le service de radiothérapie du CHRU2 de Brest pour prendre en compte, lors du traitement par irradiation, les mouvements physiologiques des patients. Particulièrement les mouvements respiratoires ! C’est vraiment primordial durant le traitement car cela permet de cibler spécifiquement la zone à traiter et de ne pas endommager les autres tissus.

Vos recherches portent-elles uniquement sur l’amélioration de la qualité des images ?

Ça l’était quand j’ai commencé à travailler à Brest il y a 13 ans, mais mes recherches ont énormément évolué. Nos travaux sont désormais tournés vers les applications thérapeutiques. Quand une tumeur est étudiée par imagerie médicale, il y a derrière une véritable analyse informatique élaborée par le laboratoire, bien plus performante que celle faite par nos yeux. Grâce à des algorithmes, nous pouvons par exemple déterminer le volume d’une tumeur et son hétérogénéité en 3D. Ces nouvelles connaissances de la structure des tumeurs permettent de prévoir leur évolution ou la réponse thérapeutique au traitement. Nous développons également des modèles prédictifs permettant une détection précoce des cancers.

Ces travaux sont-ils uniquement à l’état de modèles théoriques ?

Pas du tout ! Un des objectifs du LaTIM, est que la recherche effectuée au sein du laboratoire ne reste justement pas à l’état de modèle mais puisse être testée sur des machines, voire par des essais cliniques. Dans le cadre d’un contrat plan État-Région, nous avons d’ailleurs obtenu un financement pour l’achat d’une plateforme technique de radiothérapie qui nous a permis d’effectuer ces tests.

Quelle évolution envisagez-vous dans vos recherches dans les années à venir ?

Je pense que nos travaux s’orienteront de plus en plus vers le domaine diagnostique et thérapeutique. Nous pouvons aider les médecins à donner des traitements anticancéreux de plus en plus ciblés, aussi bien en matière de dosage que de temps de soins. Nos recherches, bien que mathématiques ou informatiques, ont un réel impact sur la qualité de vie des patients et sur son rétablissement.

1-LAboratoire de Traitement de l’Information Médicale (LaTIM) –UMR 1101 – UBO, CHRU, IMTA, INSERM
2-CHRU : Centre Hospitalier Régional et Universitaire de Brest