1ère étude mondiale sur l’exposition aux cosmétiques

 

Pour beaucoup, le rituel du matin est identique : douche (avec gel douche), lavage de cheveux (avec shampoing), hydratation (avec crème de jour), brossage de dent (avec dentifrice) et aussi… de la laque (?), de la gelée pour le corps (?), du rouge à lèvre (?) et une multitude d’autres produits auxquels nous ne réfléchissons pas réellement.

Afin de préciser l’exposition réelle des français- qui sont tout de même les 4e plus gros consommateurs mondiaux – aux produits cosmétiques, deux chercheurs de l’UBO ont mené une étude inédite sur le nombre et la quantité réelle de produits utilisés chaque jour par les adultes (hommes et femmes), les enfants et les femmes enceintes.

Grâce à ces recherche, Anne-Sophie Ficheux et Alain-Claude Roudot du Laboratoire Interactions Epithélium Neurones1 ont généré des millions de données chiffrées qui remettent en partie en cause les seuils actuels d’exposition aux produits toxicologiques.

Une étude inédite menée dans toute la France

Jusqu’à ce jour, les industriels estimaient la consommation en produits cosmétiques de la population française afin de calculer le risque sanitaire associé. Mais ces données n’étaient pas toutes d’une grande précisions car en aucun cas fondées sur une estimation réelle des habitudes la population !

Pour mettre en place la première base de données nationale d’exposition à ces produits, les deux chercheurs de l’UBO ont démarré en 2013 une étude statistique inédite à la demande de l’ANSM2. Du fait de l’absence de travaux équivalents à travers le monde, une méthodologie complète a été mise au point par les scientifiques qui ont analysé le comportement de près de 20 000 personnes sur trois ans. À l’aide d’entretiens téléphoniques, de consultations et de questionnaires sur Internet, les chercheurs  ont ainsi pu mettre en évidence que l’exposition aux cosmétiques est généralement supérieure aux précédentes estimations et ce, dans toutes les catégories de produits et pour toutes les populations.

En moyenne, le nombre de produits différents utilisés quotidiennement s’élève à 16 pour les femmes, 18 pour les femmes enceintes et 6 pour les bébés.

Des nouveaux-nés très exposés

Cette étude s’est également intéressée à une diversité de produits différents nettement supérieure aux travaux antérieurs. Plus de 140 cosmétiques ont été évalués durant trois ans ! Mais elle a aussi porté sur des produits dont la consommation n’avait jamais été étudiée : ceux destinés aux bébés. Les premiers résultats de l’enquête indiquent que les nouveau-nés sont fortement exposés aux produits cosmétiques, que ce soit par la quantité appliquée (savons, crèmes solaires…) ou par sa nature (lingette, eau de toilette…) et qu’ils ne devraient donc plus être ignorés de la réglementation.

 

Toutes ces données sont indispensables pour calculer le risque sanitaire associé aux différents produits. En effet, pour estimer ce risque, il faut bien entendu connaître la composition des cosmétiques, la toxicité des composés mais également la quantité appliquée par chaque consommateur. Jusqu’alors, ce dernier paramètre n’était pas ou peu connu par les industriels. L’étude menée par les chercheurs de l’Université de Bretagne Occidentale permettra sans aucun doute l’amélioration de la réglementation relative aux produits cosmétiques.

1- Laboratoire Interactions Epithélium Neurones (LIEN) – UBO

2 – L’étude a  été financée à hauteur de 859 330 € par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et à hauteur de 50 000 € par le Conseil régional de Bretagne.