Disney, là où vit la magie… et le droit !

Des rats dans une cuisine, une sirène qui échange sa voix contre des jambes, des enfants perdus livrés à eux-mêmes… A priori , associer l’univers de Disney et des notions de droit ne va pas de soi. Comment trouver de la matière juridique dans des situations imaginaires et souvent éloignées de toute vérité ? C’est pourtant le thème choisi par les doctorants du laboratoire de recherche en droit (Lab-LEX, EA7480, UBS-UBO) pour leur journée d’études en 2019. C’est également le sujet de leur ouvrage « Du droit dans Disney » publié cette année aux éditions Mare et Martin.

Think, believe…

Chaque année, les nouveaux doctorants du Lab-LEX pensent et organisent une journée d’études sur une thématique qu’ils auront choisie. Cette journée est l’occasion d’échanger et de débattre autour de sujets juridiques, mais donne également l’opportunité aux doctorants d’avoir une première expérience des colloques. En effet, les doctorants de Lab-LEX mais également du laboratoire Amure (Aménagement des Usages des Ressources et des Espaces marins et littoraux, UMR 6538, UBO-Ifremer-CNRS) sont invités à présenter à la tribune le sujet de leur choix, en lien avec la thématique.
Les doctorants du Lab-LEX n’en sont pas à leur premier coup d’essai pour associer droit et pop culture. Après « Le droit dans Game of Thrones », dirigé par Quentin Le Pluard et Péran Plouhinec en 2018, c’était au tour de Marion Talbot, soutenue par Quentin Le Pluard, de se prêter à l’exercice. Ensemble, ils ont coordonnés cette journée d’études en 2019. Le choix de Disney s’est vite imposé pour son caractère universel et intemporel. Même si les références cinématographiques varient selon les générations, les thématiques abordées dans les films Disney sont tellement vastes que tous peuvent s’y retrouver. Ce sont donc neuf intervenants qui ont cru en leurs sujets et décortiqué juridiquement les films et dessins animés Disney.

Du droit dans Disney ?

Les mondes imaginaires de Disney semblent s’affranchir des lois humaines, d’autant que la plupart sont basés sur des sociétés d’animaux ou d’objets. Pourtant, le droit est présent partout, il y a de la matière juridique dans tous les films et dessins animés tirés de l’univers Disney. La plupart de ces films illustre des préoccupations contemporaines, comme la société de consommation incarnée par les jouets de Toy Story ou la lutte de Robin des Bois contre l’injustice fiscale. Il est ainsi possible de transposer la réalité du droit français dans ces fictions.
Certains films vont jusqu’à poser les questions qui préoccupent notre société actuelle : jusqu’où va le droit sous l’océan (La petite sirène)? Ou encore quels espaces de liberté nous reste-t-il face à la mondialisation (Pirates des Caraïbes) ? Ici, Disney contribue aux réflexions sur des sujets d’actualité.
Mais Disney nous permet également de rêver au monde de demain, grâce aux situations futuristes de certains films d’animation.

Film d’aujourd’hui pour droit du futur

Pour sa présentation lors de la journée d’études « Du droit dans Disney », Marion Talbot s’est intéressée au cas des voitures autonomes, sous l’angle de Cars. Un choix éloigné de son sujet de thèse, mais qui lui permet d’étudier de plus près les nouvelles technologies, sujet qui la fascine.
Comme tout travail de recherche, la première étape est de constituer une base bibliographique. Pour Marion Talbot, il s’agissait dans un premier temps de revisionner la trilogie Cars. Peu banal pour une doctorante en droit privé et science criminelle. Les étapes suivantes sont pourtant plus conventionnelles : recherche documentaire sur les avancées technologiques des voitures autonomes et recherche juridique sur la législation en vigueur. Les analyses de ces corpus permettent alors de confronter l’imaginaire d’une part et la réalité juridique actuelle, pour ainsi parvenir à imaginer le futur.
Le constat établi par Marion Talbot suite à ses recherches montre que le droit actuel, et notamment les questions de responsabilité civile, ne sont pas adaptés au cas des voitures autonomes. Des lois existent bel et bien, mais il est encore trop tôt pour penser à les adapter. Les voitures autonomes, surtout telles que vues dans Cars, ne seront pas commercialisées avant plusieurs décennies. Ce délai laisse le temps d’y réfléchir et de plancher sur une première adaptation du droit actuel, et de prévoir si une voiture qui parle est responsable de ses mots.

… dream & dare

Pour prolonger le succès, Marion Talbot et Quentin Le Pluard ont relevé le défi de coordonner et publier les contributions issues de cette journée d’études. Mais, comment rédiger un ouvrage à la suite d’un colloque ? En rêvant un peu, mais d’abord en prenant du recul. Pour réorganiser leurs pensées sur le sujet et donc le plan de l’ouvrage, les doctorants se sont appuyés sur une citation de Walt Disney lui-même « First think, second believe, third dream, and finally dare”
Ces quatre postulats ont donné les quatre parties du livre : imaginer un cadre juridique ; accepter de croire en l’existence des personnages ; rêver les aventures et se laisser porter par elles ; oser proposer une morale digne de ce nom.
Les présentations de la journée d’études ont été intégrées dans ces chapitres et enrichies de nouvelles contributions. Au total, ce sont 23 doctorants, maîtres de conférences et professeurs d’université qui ont participé à cet ouvrage collectif.
L’objectif qu’ils partagent est de rendre le droit accessible à tous. Ainsi, ce livre s’adresse aussi bien aux experts du droit qu’aux novices, fans de Disney.
Enfin, comme Marion Talbot et Quentin Le Pluard osent si bien le dire dans leur introduction, leur ouvrage laisse la parole « à ceux qui ont courageusement essayé de déceler un peu de droit dans la magie de Disney. À moins que ce ne soit l’inverse ».


Informations pratiques
Du droit Dans Disney sous la coordination de Marion Talbot et Quentin Le Pluard
Édition Mare et Martin, collection Droit et Cinéma