« Publish or Perish » : découvrez le programme détaillé de la prochaine Journée de la Recherche
Publish or Perish ? Entre mondialisation et quantophrénie
Depuis plusieurs décennies, l’intensification de la compétition internationale en matière de résultats de recherche et d’excellence scientifique est marquée par l’apparition de métriques destinées à évaluer les universités et à les comparer entre elles à l’échelle mondiale. Les problématiques de l’évaluation des activités scientifiques, notamment celles financées sur fonds publics, ainsi que l’appréciation du travail des chercheurs en fonction de leurs publications deviennent des questions en débat. Car publier, toujours plus, toujours plus vite introduit à la fois des controverses (évaluation par les pairs versus évaluation métriques, concentration des moyens sur quelques universités ou chercheurs, ou répartition des crédits de façon proportionnelle au risque d’opérer par saupoudrage) et des dérives (compétition entre chercheurs, universités et revues scientifiques pour obtenir les classements les plus élevés au détriment des questions les plus cruciales pour la société, fraude, plagiat, manquement à l’intégrité scientifique et à la déontologie).
L’objectif de cette Journée de la Recherche à l’UBO sera de stimuler la réflexion de la communauté scientifique sur l’usage des indicateurs bibliométriques, des modes d’évaluation des productions académiques, des enjeux de l’Open Access, de la fraude scientifique et de la standardisation des pratiques de publication liée à la mondialisation de la recherche.
Programme
Matinée
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9h45 café d’accueil salle Yves MORAUD Lettres
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10h : Accueil par le doyen de la Faculté des Lettres et Sciences humaines, puis ouverture de la Journée par le Président et le Vice-Président Recherche & Innovation
10h15 La mondialisation de la recherche : enjeux et dérives du “publish or perish”, Ghislaine Filliatreau, INSERM
La première publication en 2003 du “classement de Shanghaï”, visant à évaluer l’activité et l’influence de la recherche universitaire chinoise par rapport aux plus prestigieuses universités mondiales, s’est appuyée sur une approche quantitative de la publication scientifique, entérinant ainsi au niveau des établissements la domination du modèle international du “publish or perish”, et accentuant ses dérives (fraude scientifique, articles de moindre qualité, apparition de revues prédatrices, etc.)
Cette intervention inaugurale à pour objectif de proposer à l’auditoire des pistes de réflexion pour comprendre les enjeux de cette problématique en terme de diffusion et de visibilité internationale de la recherche, d’une part, et d’intégrité et de respectabilité du discours scientifique, d’autre part.
11h15 Les enjeux de l’Open Access : la science accessible à tous ? Martina Knoop, CNRS, Aix-Marseille Université, et membre du Comité pour la Science ouverte en charge du Collège des Publications
Les résultats de recherches financées par des fonds publics devraient être accessibles gratuitement. Or, c’est l’inverse qui est encore bien souvent la règle : les chercheurs publient dans des journaux dont l’accès est payant, y compris pour les chercheurs. Le plan national pour la science ouverte, annoncé en juillet 2018, propose, comme première mesure, l’obligation de publier en accès ouvert les articles et livres issus de recherches financées par appel d’offres sur fonds publics.
L’objectif de cette intervention sera à la fois de présenter le travail et les projets en cours du Comité national pour la Science Ouverte, et les enjeux et implications de l’open access au niveau des unités de recherche et des établissements.
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Pause méridienne 12h15-14h
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Après-midi
14h : L’écosystème de l’évaluation de la recherche et ses responsabilités dans la fraude scientifique, Jacques Haiech, Université de Strasbourg
L’objectif de cette présentation sera de montrer comment les indicateurs utilisés aujourd’hui pour l’évaluation de la recherche contribuent à alimenter une pression sur les chercheurs en tant qu’individus : les dispositifs de sélection et les impératifs de notoriété promus par les agences d’évaluation et les financeurs eux-mêmes (HCERES, ANR) sont lourdes de conséquences et entraînent des dérives éthiques, des manquements à l’intégrité scientifique, une perte de créativité , d’autonomie des chercheurs, et une normalisation de la recherche.
14h45 : Les jeunes chercheurs à la croisée de la globalisation et de l’accélération de la science : épreuves et stratégies, Chérifa Boukacem-Zeghmouri, Université Lyon 1 – ELICO
Cette présentation donne à voir de quelle manière, les jeunes chercheurs, dont la démographie et les pratiques présentent des caractéristiques désormais bien connues, subit et participe en même temps aux régulation de la globalisation et de l’accélération de la science contemporaine ? L’exposé est fondé sur une recherche de quatre années, organisé autour d’un observatoire de plus d’une centaine de chercheurs, répartis sur 7 pays. L’intervention soulignera la place des stratégies de publication et de collaboration scientifiques, mais aussi sur l’engagement des jeunes chercheurs en matière d’Openness.
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15h30 Pause-café
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15h45 : Sciences sociales : de l’écriture à la publication, les nouveaux circuits de la diffusion du savoir. Christian Le Bart, Sciences Po Rennes
Ecrire seul, à plusieurs, pour une diffusion nationale ou internationale… autant d’enjeux et de formats étudiés par le séminaire « Ecrire en sciences sociales, écrire les sciences sociales » organisé en mars 2018 à Rennes par la Maison des Sciences de l’Homme de Bretagne. L’objectif de l’intervention sera de retracer les conclusions du séminaire en soulignant les particularités de la rédaction académique en SHS, et leur articulation avec les dispositifs de publication qui prennent le relais.
16h30 : Le nouveau rôle des bibliothèques universitaires dans l’écosystème de la publication scientifique : l’exemple des BU de l’UBO. Nicolas Tocquer & Lisa Malguy, Université de Bretagne Occidentale.
Le développement de l’open access invite les bibliothécaires des universités à opérer une véritable révolution copernicienne dans leurs services d’appui à la recherche. Auparavant garants de l’accès des chercheurs de l’établissement aux publications produites à l’extérieur, ils se retrouvent aujourd’hui positionnés plus en amont de la chaîne de l’édition scientifique, et accompagnent les chercheurs de leur université dans leurs problématiques de publication, de diffusion et de visibilité de leurs travaux. L’objectif de cette intervention sera de montrer, à travers l’exemple des BU de l’UBO et d’autres services de documentation, comment les bibliothécaires et documentalistes s’impliquent dans ce nouveau modèle de diffusion des savoirs.
17h15 Clôture