sciences participatives – programme

14h15  Quand les citoyens s’impliquent dans les projets scientifiques, François Houllier, PDG de l’Ifremer

14h45 – Un tour d’horizon des sciences participatives en écologie, Jean-Dominique Le Breton, membre de l’Académie des Sciences

Les sciences participatives, définies comme la participation de non-professionnels des sciences à la production scientifique, ont une longue histoire en écologie. Elles ont leurs racines dans l’activité des sociétés savantes, dont beaucoup datent du XIXème siècle. Après la deuxième guerre mondiale, avec la « civilisation des loisirs », de nombreuses associations de naturalistes se sont développées dans diverses disciplines. J’illustrerai cette phase par un bref survol de l’histoire de l’ornithologie amateur, du développement de monographies régionales dans les années soixante aux grands programmes de suivi des oiseaux communs – comme le programme STOC en France en passant par les atlas ornithologiques lancés dès les années 70. Ce développement est resté longtemps déconnecté de la recherche scientifique professionnelle, dite « recherche académique ».

Depuis une vingtaine d’années, la prise de conscience des problèmes environnementaux – changement climatique et divers modes d’emprise de l’homme sur les milieux naturels – ont fait naître et rapidement croître une recherche centrée sur la conservation et la gestion des systèmes écologiques, qui accorde naturellement une valeur de plus en plus grande à des données à large échelle spatiale et temporelle. Le développement d’Internet a alors naturellement conduit à une science participative plus reliée à la recherche académique et s’adressant désormais plus à l’individu qu’aux regroupements d’amateurs éclairés dans des associations ; comme l’illustrent bien des exemples comme « l’Observatoire des Saisons » ou « Tela Botanica ». La production de données permettant de suivre à large échelle des changements d’effectifs ou de distribution spatiale est une activité de science participative désormais bien établie et d’une immense utilité collective. Le défi pour le futur est de conserver la connexion entre la recherche académique, centrée par essence sur la dynamique des systèmes écologiques et les mécanismes sous-jacents, les suivis ou « monitorings » développés par les agences comme les Parcs Nationaux ou les Conservatoires Botaniques Nationaux, et des activités de science participative qu’il serait dommage de laisser centrées trop exclusivement sur des données descriptives.

15h15 – Une aiguille dans une botte de foin: les sciences participatives à l’époque des big data ? Claire Bourdarios, CERN

Même à l’époque de l’Intelligence Artificielle et des “big data”, l’oeil et le cerveau humains sont incomparables quand il s’agit de repérer ce qui aurait échappé aux algorithmes. C’est en tout cas la conclusion rassurante d’un projet de science participative développé par les physiciens de l’expérience ATLAS au CERN. Grand public et physique des hautes énergies – science “dure” s’il en est – ne font pas toujours bon ménage. Et pourtant, la quête de nouvelle physique, les mystères de la matière noire et du boson de Higgs motivent des milliers de volontaires prêts à donner de leur temps pour aider la recherche fondamentale.

 

15h45 – Le projet SwafS, Adélie Pomade, MC

La question des sciences participatives, envisagées comme les programmes d’observation permettant de collecter des informations sur le terrain par des citoyens et des profanes, pénètre extrêmement peu la discipline juridique. Les enjeux sont pourtant nombreux en termes de propriété intellectuelle, de droit à l’information. De mon côté, je m’intéresse particulièrement aux jeux d’acteurs et aux jeux de savoirs qui sont présents dans le champ des sciences participatives afin d’apprécier si et dans quelle mesure il s’agirait d’une nouvelle forme de démocratie, de participation du citoyen aux politiques publique, si et comment il serait possibles de valoriser ces démarches (par le droit ou en droit).

 

16h30 –  Les sciences participatives comme un bien commun : pratiques et usages des communautés en ligne, Nicolas Jullien, IMT Atlantique

Un projet de recherche participative s’articulant autour d’un groupe d’acteurs volontaires, amenés à conscientiser leur démarche et à définir ensemble des règles de fonctionnement, peut-on envisager ces initiatives et leurs productions comme des « biens communs », nécessitant la mise en place d’une gouvernance spécifique, tels que les a définis la Prix Nobel de l’économie Elinor Olstrom. A partir de l’exemple de l’encyclopédie collaborative Wikipédia et d’autres communautés en ligne, nous analyserons les rouages et les dynamiques de ces projets au prisme du concept des communs de la connaissance.