Cancer : une erreur de lecture génétique

Le cancer est une maladie « multifactorielle » : il peut trouver son origine dans notre environnement mais également dans nos gènes. Laurent Corcos et son équipe du laboratoire « Génétique, Génomique Fonctionnelle et Biotechnologie »1 travaillent depuis près de 13 ans à améliorer notre connaissance de cette maladie en étudiant plus particulièrement les altérations génétiques qui surviennent lors des développements cancéreux. Un de leur objectif est de trouver les indices de l’existence d’une tumeur le plus tôt possible afin d’optimiser la prise en charge thérapeutique du patient.

La lecture du génome, un processus directement impliqué dans la formation des tumeurs

Pendant longtemps, les recherches sur les maladies génétiques se focalisaient uniquement sur des régions précises du génome:  : les régions codantes. En effet, pour fabriquer une protéine, le gène délivre à la cellule un « code » de fabrication et lorsque ce code est erronée, la protéine peut-être anormale et aboutir à une maladie. Pourtant, un gène n’aboutit pas forcément à une protéine unique. Selon la façon dont le génome va être lu, il va générer une grande diversité de protéines et un dysfonctionnement dans la lecture peut aussi aboutir à des pathologies. Ce phénomène, appelé épissage alternatif, est au cœur des recherches sur le cancer de Laurent Corsos . Certaines altérations dans l’épissage, sont directement liées à la formation de tumeurs.

Dépister et prédire le cancer

Plus un cancer sera dépisté tôt, meilleures seront les chances de guérison du patient… Cette phrase semble évidente, mais la détection précoce d’une tumeur l’est moins ! Afin de diagnostiquer au plus vite la maladie, les chercheurs du laboratoire « Génétique, Génomique Fonctionnelle et Biotechnologie » caractérisent les signatures génétiques précurseuses au développement du cancer. « On sait par exemple que certains polypes peuvent évoluer en cancer du côlon » explique Laurent Corcos. « Mais ce n’est pas le cas pour tous, certains vont rester bénins. En laboratoire, nous travaillons à déterminer comment sont exprimés certains gènes et la manière dont-ils sont lus lorsque ces polypes sont tumoraux. Notre objectif est d’aboutir à un profil spécifique voire à  prédire leur évolution vers le cancer. Cette approche pourra permettre d’adapter le suivi du patient et la mise en place de son traitement le cas échéant ».

D’autres modèles prédictifs, portant sur des cancers des voies aéro-digestives, sont également élaborés en étroite collaboration avec le Laboratoire de Traitement de l’Information Médicale de l’UBO2. Grâce à des analyses morphologiques et métaboliques des tumeurs, les chercheurs des deux laboratoires ont pu lier l’expression de certains gènes avec des paramètres « visibles » par imagerie médicale. Cette approche novatrice permettrait de s’affranchir de la nécessité de mener une analyse génétique et ainsi gagner en rapidité dans la prise en charge médicale.

1- Laboratoire Génétique, Génomique Fonctionnelle et Biotechnologie – UMR 1078 – UBO, INSERM, CHRU
2 – Laboratoire de Traitement de l’Information Médicale (LaTIM) – UMR 1101 – INSERM, UBO, IMT Atlantique, CHRU