Passe d’abord ton bac… à compost !

En 2020, « Sciences en Bulles » revient pour une deuxième édition ! Cette année, les thèses sélectionnées planchaient toutes sur les relations entre Homme et Nature, thème national de la Fête de la science.

10 doctorants ont participé à l’élaboration de cette BD. Parmi eux, Valérie Marchal-Gaillard, doctorante au CREAD. Sa thèse sur les pratiques de compostage en œuvre dans les familles, et ce que les enfants de cinq ans en comprennent, est passée sous les yeux attentifs de Peb&Fox, respectivement scénariste et illustrateur, pour être adaptée en 3 planches et une dizaine de bulles.

Extrait du livre "Sciences en Bulles / Planète Nature" - © Peb&Fox, Syndicat National de l'Édition
Extrait de « Sciences en Bulles / Planète Nature » – © Peb&Fox, Syndicat National de l’Édition

Comment t’es venu l’idée de faire une thèse ?

Passionnée par les primates, j’ai tout d’abord suivi une formation universitaire en écologie et éthologie en France, puis en anthropologie en Angleterre. Après une étude sur les conflits entre faune sauvage et agriculteurs en Indonésie dans le cadre de mon Master en anthropologie, j’ai dû rentrer en France.
J’ai alors passé le concours de professeur des écoles. Après une dizaine d’années d’enseignement en écoles maternelles et élémentaires en Ille-et-Vilaine, j’ai décidé de reprendre mes études pour conjuguer mes intérêts pour l’éducation et l’écologie dans le cadre de cette thèse.

Peux-tu expliquer ton sujet de recherche en quelques mots ?

Ma thèse porte sur les pratiques de compostage en œuvre dans les familles, et ce que les enfants de cinq ans en comprennent. Si on apprend à jeter dès le plus jeune âge, on ne réfléchit pas pour autant à la portée de son geste, ni aux processus biologiques en jeu.
Au travers d’entretiens avec des parents et des enfants, je cherche à identifier les idées initiales des enfants sur la dégradation des déchets dans le composteur. Que comprennent-ils du processus de chaîne alimentaire en jeu dans le composteur ? À cinq ans, les enfants construisent à la fois leur langage et leur compréhension du monde qui les entoure.
Mon objectif est de montrer l’importance d’apprendre en sciences dès la Maternelle, car ce que les jeunes enfants apprennent du monde du vivant leur servira au quotidien.

Pourquoi le compost et pas le bac de tri ?

Nos déchets de cuisine, déchets organiques ou biodéchets, représentent plus du tiers de nos déchets quotidiens. D’ici à 2025, nous devrions tous disposer d’une solution pour les gérer sur place. Le compostage est la solution idéale qui se pratique de plus en plus à domicile ou dans son quartier. Le ministère de l’Éducation Nationale encourage également l’installation de composteurs dans les établissements scolaires.
Le compostage permet d’étudier la décomposition des déchets organiques au cours du temps et le rôle des détritivores dans la chaîne alimentaire du sol. Il interroge également notre rapport aux déchets et à la nature.
Ce sujet est donc extrêmement riche, et n’a pas encore été étudié en France dans le contexte de l’acculturation scientifique des jeunes enfants.

Pourquoi as-tu voulu participer au projet « Sciences en Bulles » ?

La lecture de l’album « Dans la combi de Thomas Pesquet » de Marion Montaigne m’a passionnée, alors que je ne montre aucun intérêt pour l’astronomie. À la suite de cette lecture, je me suis même surprise à regarder des documentaires sur les projets de missions spatiales vers Mars !
De plus, j’avais déjà lu « Ma thèse en 2 planches », réalisée par l’Université de Lorraine en 2018. Lorsque le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation a lancé un appel à candidature pour le projet « Sciences en Bulles », j’ai donc monté mon dossier très rapidement !

Comment on passe d’une thèse de 500 pages à 3 planches de BD ?

Quelques semaines après avoir appris que nous étions retenus pour le projet, nous avons passé deux jours à Paris, pour rencontrer nos différents interlocuteurs et suivre une formation à la médiation scientifique. Nous avons échangé avec le scénariste Peb, et avons participé à des ateliers de vulgarisation qui nous ont permis de comprendre comment rendre nos recherches lisibles par un public non-expert.
Nous avons ensuite travaillé pendant plusieurs mois avec Peb à partir de textes et de visuels (photos, graphiques etc.) que nous lui avons envoyés, en faisant des allers-retours entre ses modifications et nos remarques.

Après cette expérience, tu vas te reconvertir en autrice de BD ?

La réalisation d’une thèse permet d’ouvrir les portes de la recherche et de l’enseignement supérieur. Mais l’aventure « Sciences en Bulles » me donne envie également de développer des compétences en communication scientifique auprès du grand public. La médiation scientifique permet en effet de  sensibiliser aux enjeux de la recherche, et de valoriser les travaux réalisés au sein des laboratoires : c’est essentiel !